Méditations sur la pierre philosophale de Lambspring

Méditations sur la pierre philosophale de Lambspring

méditations sur la pierre philosophale de Lambspring

Pourquoi divulguer le sens profond d’un livre alors même que la tradition et l’auteur de ce livre insistent sur la nécessité du silence à son sujet ? Pourquoi tenter de favoriser la compréhension d’un texte de cette tradition hermétique et de rompre le silence normalement requis le concernant ?

Ce texte, dans notre projet, est fait partie d’une série d’ouvrages déjà publiés ou à venir qui ont pour vocation de redonner sens à des connaissances traditionnelles difficiles à appréhender de nos jours en leur redonnant leur intelligibilité première dans un langage contemporain.
Seront ainsi ultérieurement abordés, dans notre projet, quelques ouvrages commentant d’autres textes traditionnels par exemple celui des premiers versets du Livre de la Genèse biblique, du Perceval de Chrétien de Troyes , etc. L’idée est de montrer qu’existe, traversant l’espace et le temps et bien au-delà de la tradition occidentale proprement dite une vision de l’être humain qui est toujours la même en Occident comme en Orient.

Cette « invariance anthropologique » se réfère à la tradition polaire et primordiale ou encore à ce qui est communément appelé « philosophia perennis » (ou Prisca theologia, « antique théologie » à la Renaissance, dans le platonisme de Florence de Marsile Ficin et de Pic de la Mirandole), qui en son essence est donc transculturelle.
La langue de l’inconscient, comme « muthos », parole muette, est en son essence «imaginale» (pour reprendre le terme remarquable d’Henry Corbin). La création de cet intermonde en lequel, pour le reprendre encore, se spiritualise le corps et se corporalise l’esprit est à la racine de la communication de l´homme avec lui-même. Nous y reviendrons abondamment dans ce texte.
Négliger l’accès à cette langue, à ce « monde » et à ce « corps » stérilise a contrario toute forme d’atteinte de dimensions plus profondes en soi.

Une synthèse du processus d’alchimie intérieure
 
L’opération alchimique se résume ainsi à quelques étapes successives fondamentales :

-                     Se détacher du monde extérieur et de l’illusion relative des sens corporels (toutes les voies avancent, chacune à leur façon, un détachement, une « métanoïa », un retournement).

-                     Se libérer de ses propres tendances animales, jusqu’à accepter de se détacher de sa propre existence, prélude à la « Seconde Mort ». L’âme, le Lion rouge ou l’homme rouge est un réservoir d’agitation à vider pour voir l’être. Cette phase est purgative, ascétique, favorisant la désidentification des représentations associées au monde extérieur.

-                     Ouverture à une autre réalité, intérieure et imaginale, qualifiée de « Seconde Naissance », lumière du matin, qui favorise une expérience et l’intuition plus claire de la présence intérieure. Le Mercure, volatil, est avant tout un Esprit de vie caché à l’intérieur de soi.

-                     Tendre vers l’Un par effacement total de soi qui favorise les expériences de Pure Lumière. À ce niveau se situe la rencontre à ce que la kabbale appelle l’ « Aïn Soph Our », la pure lumière de la transcendance. En alchimie, nombreux sont les textes évoquant les « noces chymiques », l’androgynie, le mariage divin…

-                     Percevoir l’Un (le Monoculus par exemple, l’Homme unijambiste). Une fois l’Un perçu, la distinction entre passé, présent et futur s’abolit par une « sortie » ou une « fin » du temps.

-                     Après cela, le mystère s’accomplit naturellement et invisiblement dans le jaillissement d’un état paradoxal, à la fois de solve par rapport à la corporalité, mais, inversement, de coagula par rapport à l’Esprit divin. Cette union au Principe fixe, duquel dérivent toutes les transformations (le centre est partout et nulle part), est créateur du corps de Gloire, libre de la mort.

-                     Cette réalisation s’effectue graduellement, en procédant du plus subtil au plus dense par la dissolution (solve) des différents Éléments ou Mondes qui étaient séparés jusqu’alors (fusion taoïste des « cinq mouvements »). Cette victoire sur les éléments (« la fusion de la forme ») opère en fixant l’âme spirituelle sur l’âme charnelle. Empêchant leur séparation, l’Enfançon[1]/Quintessence/Pierre est réalisé. Il s’agit donc de « détisser[2] » les mailles ayant conduit à la corporalité physique de façon à « tisser » et unifier matière subtile et Nom divin en un nouveau corps de lumière, apparaissant aux sens physiques comme une sorte de « corps sans-corps ».

[1] Dao de Jing, chap. 10.
[2] « Béréchit » en hébreu, « au commencement », le premier mot de la Genèse conduisant à engager le processus de la manifestation matérielle signifie aussi « trame ».



Qui êtes-vous Patrick PAUL ?

                           
Vous aurez une petite idée de mon parcours "externe" si vous avez le temps d'aller sur le site de l'institut que je viens de créer au Brésil (www.iedih.com) rubrique "quem somos" puis, en cliquant sur "curriculum academico" (académique) et "não academico" (non académique).

Dans votre ouvrage votre qualité d'alchimiste est présente. Sur quels acquis repose-t-elle ?

                          Du côté très spécifiquement alchimique (mais je ne m'y identifie pas, ni à rien d'autre d'ailleurs) j'ai participé, avec
Jean Dubuis, à l'émergence des "Philosophes de la Nature" fin des années 70, jusqu'à la fin des années 90.
                        J'ai aussi travaillé l'alchimie de laboratoire, mais essentiellement la spagyrie, un quinzaine d'années sur la même période.

                         Mais l'essentiel des connaissances que je peux retransmettre ici sont liées à la
capacité intérieure de lecture de ces grands textes d'initiation: lorsque l'expérience du chemin est réelle, l'entendement l'est tout autant, ainsi que la capacité de le retransmettre. Et ceci de façon transculturelle (la fameuse tradition "polaire" qui est une évidence au final du chemin).
                       Pour moi,
kabbale, Perceval, alchimie, médecine chinoise, yoga tantrique... parlent toujours de la même chose, chacune de ces formes ayant sa propre richesse culturelle et son intérêt en même temps.

Le seret alchimique est souvent énoncé par les auteurs. Qu'en pensez-vous ?

                        J'ai longuement médité sur la nécessité, ou pas, de maintenir la
règle du silence en ce qui concerne la publication de ce livre sur Lambsprinck. Ma conclusion, avancée d'ailleurs dans l'ouvrage, est qu'en fin de "kaliyuga" il est essentiel de modifier ces règles. De toute façon, les personnes qui ne peuvent comprendre ne comprendrons pas, même avec ce livre.
                     Et pour celles qui sont prêtes à entendre, l'aide peut être réelle car il y a beaucoup de stupidités qui circulent sous le prétexte du silence ou de la "Pierre". Comment imaginer qu'une Pierre soit montrée comme la résultante d'une pratique de laboratoire. C'est l'illusion matérialiste moderne qui ne comprend pas le lien intime entre
extériorité et intériorité. Comme si l'on pouvait rencontrer des personnes dans la rue avec leur corps glorieux! Toute extériorité n'est que reflet, image de la réalité intérieure, cette dernière étant le lieu même de la transformation: créer le pont entre conscient et inconscient est le plus difficile: cet espace est celui du "rien", du "vide" pour la conscience. Mais la conscience est identifiée au monde extérieur et à l'apparence.
 

La quête de la Pierre Philosophale serait, selon votre propos, une construction ou plutôt une dé-construction de notre vision du monde ?
                     Comment sortir de cette identification?

                     Comment comprendre que le descriptif de la
Pierre appartient à une réalité intérieure et qu'elle n'a rien à voir avec un produit extérieur? Car le monde exterieur, tôt ou tard, est voué à disparaitre (le concept de "maya" oriental). mais s'ouvrir au réel intérieur, c'est communiquer avec l'Esprit Saint, l'Etoile flamboyante avec le G de Gnose, c'est maitriser la "langue des oiseaux", mais la vraie et non pas tant celle des jeux de mots qui restent dans la réalité existentielle de la parole du serpent (post-babelienne).
                      L'autre côté, mais non verbal, est la langue même de l'inconscient vital, jamais apprise, universelle et intemporelle. Un
St François qui parle aux Oiseaux est l'affirmation même de cette rencontre authentique avec l'Esprit, ce qui n'a que peu à voir avec notre langage.



Titre : Méditations sur la pierre philosophale de Lambspring

Auteur : Dr Patrick PAUL

Nb. pages: 359 pages

N° ISBN : 978-2-36353-072-1

Prix public : 34,90

Poids : 568 g

N°ISBN/ePub : N.A

Date édition : fin  mai 2015édition limitée et numérotée